Une blonde à déguster (à l’abbaye)

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Autant le dire tout de suite, la blonde d’abbaye, ce n’est pas mon style. Déjà dans la vie, je préfère les brunes. Longtemps, je pensais que les blondes sentaient bon mais qu’elles n’avaient pas d’âme. C’était une erreur, mais ça n’a aucun rapport avec le propos suivant.

J’ai participé la semaine dernière à une dégustation de bière blonde d’abbaye. Pour ce qui est du classement et de qui a lancé l’invitation, j’y reviendrai en temps voulu.

Le panel de goûteur était pointu : Simon Thillou de la Cave à Bulles, Claudia du Super Coin, Gilbert Delos de Bière magazine, Hervé Marziou biérologue, Cécile Delorme de Brewberry, Pierre Guingamp, amateur éclairé et votre serviteur.

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L’exercice était  intéressant s’agissant d’un style que je n’affectionne pas vraiment. La raison ? Des vieux relents de soirées étudiantes. Le style est un peu galvaudé notamment par une grand marque qui commence par « L » et finit par « ffe » et qui a réduit la blonde d’abbaye à trois mots : jaune, sucre, alcool. Et la fréquentation des bières artisanales développe chez tous les beer geek un goût prononcé pour le houblon, très peu présent dans ce style.

Qu’est-ce qui définit le style Blonde d’abbaye (quand elle est bien faite) ? Une couleur blonde limpide, un nez un peu végétal, un corps malteux, sucré mais pas trop, des arômes issus de la fermentation tirant vers les fruits et raisin secs, les fruits mûrs, et un degré d’alcool entre 6 et 7% dont la perception se fait discrète.

Quand au caractère « d’abbaye », ne cherchez pas, c’est une blague. A une ou deux exceptions près (Westvleteren), la Belgique n’est pas peuplée de moines en robe de bure façon frère Tuck travaillant  pour la plus grande satisfaction des soirées étudiantes et des soirées choucroute. Pour les brasseurs qui souhaitent faire « authentique », il suffit de faire référence à une ancienne abbaye (Leffe, Afligem, détruites pendant la Révolution) ou de se faire attribuer une licence par une abbaye existante qui ne brasse pas elle-même. Il faut croire que l’idée du moine donne un goût particulier à la bière… Un peu comme le vin de Bordeaux avec l’appellation « château ».

Nous avons donc goûté 16 bières blondes d’abbaye, bières de marque et marques distributeur, récoltées sur les rayons de vos supermarchés habituels. Un moment très intéressant plutôt qu’un bon moment. Il y a eu des grimaces, des grognements. Des bières pas du tout dans le style. D’autres insipides, alcooleuses, voir franchement ignobles.

Côté bière de marque, le trio de tête est dans le désordre Val-Dieu, Maredsous et Afligem.

La surprise est plutôt venue des marques distributeur. Concrètement, la chaine d’hypermarché définit avec un brasseur industriel une recette et la commercialise sous son nom. Ce qui en soit ne dit rien de la qualité. Tout repose sur le savoir-faire du brasseur, et la capacité du service achat à sélectionner la bonne bière.

Pour ma part, en quelques mots, sur ces marques distributeurs, en catégorie « blonde d’abbaye », évitez absolument Leclerc (Marque Repère), en revanche, Saveur U et Auchan s’en tirent plutôt bien.

Sinon, on peut tourner le dos à sa vie étudiante et boire une vraie bière de brasseur avec de l’amertume, des aromatiques riches et complexes.